L’offrande

Je voulais représenter une offrande. Toute civilisation s’appuie avant tout sur le principe du don, puisque nous donnons la vie à nos enfants, nous les nourrissons nous soucions de nos proches: c’est ainsi et seulement ainsi qu’une société peut se constituer et perdurer. Cette pratique de l’offrande est très présente dans toutes les civilisations extra-européennes, mais dans la nôtre elle persiste encore pour certaines fêtes mais elle s’estompe, les valeurs de l’altruisme de la générosité ou de l’hospitalité étant balayées par des dogmes ultra-libéraux très violents qui professent l’appat du gain et le « chacun pour soi ». C’est l’évidence même de notre humanité qui est ainsi niée et cette sculpture aborde ce sujet en se référant à la statuaire égyptienne, c’est à dire aux origines de notre civilisation. Pourtant lorsque j’ai voulu mettre quelque chose dans les mains de cet offrant, je n’y parvenais pas: qu’allait-il offrir? Finalement cet homme présente un oiseau, et l’on ne sait plus dès lors qui offre quoi: est-ce l’oiseau qui offre sa vie, est-ce l’homme qui offre la vie de l’oiseau, sa liberté? Car la question de l’offrande soulève celle de la propriété: que possède-t-on vraiment? Peut-être que nous ne possédons jamais que notre propre corps, peut-être que la notion même de propriété privée devrait être remise en question et remplacée par celle de la responsabilité: l’homme n’est il pas responsable de l’oiseau qui s’est confié à lui, est-ce que finalement ce n’est pas seulement la confiance que l’on peut offrir? 

 

Bronze, Fonderie de Portonville.
Patines, Pascal Lelay.
Photographies, Mustapha Azéroual.
Sculptures VINCENT.
Exposées actuellement Galerie Bréhéret à Paris